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Ces militants qui dessinent des fausses pistes cyclables

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Message  Papylu² Lun 19 Nov 2012 - 8:10

Ces militants qui dessinent des fausses pistes cyclables

http://transports.blog.lemonde.fr/2012/11/18/ces-militants-qui-dessinent-des-fausses-pistes-cyclables/

18 novembre 2012, par Olivier Razemon
Ces militants qui dessinent des fausses pistes cyclables


Ils se donnent rendez-vous à la nuit tombée, pas trop tard quand même, avec un pot de peinture blanche, un rouleau à peinture et une corde pour dessiner une ligne bien droite. Ils ont aussi préparé un pochoir en carton représentant un vélo. L'action dure environ une heure. Vêtus de gilets réfléchissants, quatre ou cinq militants de La Masse critique, un collectif toulonnais pour le développement du vélo, s'installent au bord d'une rue et aménagent une bande cyclable sur la chaussée. (Précision: une "bande" est tracée sur le bitume ; une piste est séparée, mais le mot "piste" est communément utilisé pour désigner les deux).

Mais cette voie n'a aucune valeur juridique. Personne, et surtout pas la mairie de Toulon, n'a demandé à ce groupe de se charger d'un tel aménagement. Le succès est pourtant immédiat. Le lendemain matin, les cyclistes découvrent la nouvelle "piste" et l'empruntent sans hésiter. Les automobilistes ralentissent et évitent de rouler sur la peinture blanche. Quelques jours plus tard, les services de la voirie découvrent la supercherie et recouvrent de peinture noire la bande et le vélo dessinés sur la chaussée.

Fausses inaugurations. "Dans les jours qui suivent, des gens nous en parlent, nous demandent pourquoi on a effacé la nouvelle piste", s'amuse Cédric Lambert, membre de La Masse critique, qui a déjà participé à plusieurs actions symboliques. Les militants ne se contentent pas de dessiner des fausses pistes cyclables. Ils ont également posé des panonceaux sauvages dans les rues piétonnes du centre ancien de Toulon, afin de "baliser l'axe est-ouest qui traverse la ville", explique M. Lambert. Ils procèdent enfin à de fausses inaugurations des vraies pistes cyclables... "La municipalité crée parfois des pistes, mais sans en faire état nulle part ni prévenir les usagers. Nous organisons alors une cérémonie d'inauguration à laquelle nous convions les élus et les directeurs administratifs, avec un vrai ruban et de vrais ciseaux posés sur un vrai coussin", raconte Gilles Lehmann, également membre de La Masse critique. Le résultat est hilarant. Des officiels représentant le département du Var, la communauté d'agglomération Toulon Provence Méditerranée ou la Marine nationale, croyant à une cérémonie bien réelle, se présentent à l'heure dite avec un air affable, tandis que certains fonctionnaires, directement responsables de l'aménagement concerné, se demandent pourquoi ils n'ont pas été invités. "Nous ne connaissons pas tout le monde à la mairie", s'excusent les militants.

Les militants pro-vélo ne sont pas pour autant des révolutionnaires. Quand je compare les actions de La Masse critique aux happenings spectaculaires d'Act Up, les militants me regardent d'un air interdit. Ils ne cherchent pas à se mettre en avant, mais souhaitent faire avancer leur cause. Et ça marche. "Nous avons limité récemment le nombre d'actions, car la mairie nous a écoutés", indique M. Lambert. La ville, dirigée par Hubert Falco (UMP), ancien ministre de l'aménagement du territoire, a nommé il y a six mois un responsable en charge des "déplacements doux" qui consulte les associations de cyclistes pour les aménagements de voirie, l'installation de double-sens cyclables (permettant aux cyclistes de remonter les sens uniques, voir ici) ou de "tourne-à-droite" (possibilité de passer au feu rouge, c'est là).

La mairie obtempère. Les opérations commando, qui se sont déroulées pour l'essentiel entre 2009 et 2011, n'ont donc pas été vaines. Plusieurs actions de La Masse critique doivent même être considérées comme des suggestions, puisque la municipalité les a reprises à son compte. Les panonceaux posés dans le centre-ville ont ainsi été remplacés par des signalisations réglementaires. La fausse bande cyclable qui figure sur la photo d'ouverture de cet article existe aujourd'hui formellement. La pratique progresse. "Les marins qui se rendent à l'arsenal y vont parfois à vélo", remarque M. Lambert.

"Clou rouillé" en 2009. Toulon n'est pas pour autant devenue en quelques mois l'une de ces "villes cyclables" que l'on cite en exemple dans ces colloques où élus et fonctionnaires territoriaux présentent d'optimistes "power-points" à une assistance blasée. La ville, neuvième unité urbaine de France, coincée entre la rade et le Mont Faron, est connue pour ses embouteillages inextricables. La saturation atteint son comble sur l'axe est-ouest, qui attend depuis des décennies l'ouverture d'un tunnel autoroutier censé "désengorger" la ville. Or, "il est faux de penser que le tunnel va tout régler", affirme Valentin Giès, président de Toulon Avenir, un collectif qui se bat pour la construction d'un tramway, et membre du PS local. Toulon est "la seule grande ville de France qui ne dispose ni de système de vélos en libre service ni de tramway", s'insurge ce militant. Dans de telles circonstances, compte tenu de la douceur du climat, des difficultés de stationnement et de l'absence relative de relief dans le centre-ville, le vélo peut constituer un moyen de déplacement agréable et efficace. La municipalité, réticente au point d'avoir reçu "le clou rouillé, décerné par la Fédération des usagers de la bicyclette, en 2009", rappelle Vincente Chastel, membre de La Masse critique, s'est apparemment laissé convaincre par quelques actions commando nocturnes.
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Message  joverwimp Sam 29 Jan 2022 - 11:59

Trois cyclistes liégeois sont passés devant la justice pour avoir peint des logos vélos sur le sol d'une rue étroite, dans le but de rappeler la présence de cyclistes sur un axe dangereux. Le GRACQ se réjouit que ces trois militants aient finalement été relaxés par le tribunal. Dans un monde où les pouvoirs publics sécurisent trop peu les trajets des plus vulnérables, ce genre d'action est loin d'être isolé. Face au manque de réaction des autorités publiques, une partie du public passe à l'action.

Liège - Rue Hors châteauLa rue Hors Château à Liège n'est pas un axe très sécurisé pour les cyclistes. Sa réfection en 2019 sans aucun marquage vélo, malgré des demandes répétées, a ainsi déclenché la colère du collectif local "Actions cycloyennes".

À l’aide de pochoirs et de bombes de peinture blanche, trois de leurs membres y ont peint 23 logos vélo la nuit du 25 février 2019. Visibles via des caméras de surveillance, ils ont été interceptés par la police en pleine action. Ayant refusé une transaction pénale de 100 €, ils se sont retrouvés devant le tribunal correctionnel de Liège, pour "entrave méchante à la circulation" et "destruction de patrimoine public".

Deux chefs d'accusations pour le moins contestables puisque les logos vélos peints ne contraignaient nullement le trafic dans la rue, et ne donnaient pas non plus d'indication susceptibles de causer un accident. Ils indiquaient simplement aux cyclistes leur place la plus sécurisante sur la chaussée, et avertissaient les autres usagers de la possible présence de vélos. La dégradation de bien public semble également être une accusation excessive, la peinture utilisée n'étant pas pérenne. A noter que la Ville de Liège a depuis réalisé un marquage équivalent de cet axe en rue cyclable...

Le verdict
La procureure a, lors du procès, souligné le risque "d'anarchie" si chaque citoyen lançait l'initiative d'apposer des marquages, dès lors que la commune ne répondait pas à ses demandes. Une peine de 46h de travail d'intérêt général était exigée du tribunal.

Le verdict du tribunal correctionnel a finalement été rendu ce 11 janvier 2022. La défense, qui contestait la mention d'"entrave méchante à la circulation et dégradation et destruction du patrimoine" a obtenu la requalification des faits en "graffitis non autorisés". Le tribubal a accordé la suspension du prononcé (pendant 3 ans).

La fin justifie-t-elle les moyens ?
Les groupes de désobéissance civile qui mènent des actions de ce type, comme aussi Guerrilla Bike Brussels, sont désormais rejoints par d'autres collectifs tels que Extinction Rebellion. Leurs motivations ? Principalement la sécurité routière mais aussi, plus récemment, la lutte pour le climat, qui rendent toutes deux impérieuse la création d'aménagements cyclables.

Ces actions sont elles légales ? Non. Sont elles légitimes ? La question peut se poser quand, malgré des appels répétés à corriger un grave problème de sécurité, les autorités publiques tardent à proposer des solutions sur le terrain. Entre la légalité d'un côté et leur sécurité de l'autre, des citoyen·ne·s se sentent légitimes de poser un choix.

Montpellier - piste cyclable pirate

Parfois effacés dès après leur création, ces "aménagements citoyens temporaires", ont un mérite qu'il faut souligner : celui de lancer l'indispensable débat public sur le manque criant de sécurité pour tous des infrastructures routières actuelles. Des aménagements sérieux se décident souvent seulement après un accident grave. Ici, on crée un "incident" relativement bénin qui peut enclencher la mécanique d'une solution pérenne.

Il arrive aussi que des aménagements "pirates" survivent à l'effacement, car ils n'ont pas été médiatisés et n'ont fait l'objet d'aucune plainte. La solution "temporaire" améliore alors les choses discrètement. Mais il faut toutefois être pleinement conscient qu'on endosse alors la responsabilité du gestionnaire de voirie en cas d'accident sur ces aménagements illégaux.

Les associations cyclistes prônent toujours et avant tout le dialogue avec les pouvoirs publics. Quand il est constructif, ce dialogue permet d'avancer sur des solutions légales et durables. Du côté des collectifs, face à un danger imminent vécu au quotidien et une certaine inertie publique on plaidera "l'état de nécessité" devant les tribunaux :

"Les concluants n’ont ensuite pas eu d’autre choix que d’agir comme ils l’ont fait pour assurer la sécurité des cyclistes dans cette rue dès lors que leurs multiples interpellations des autorités politiques et des personnes compétentes sont restées sans effet."
https://www.gracq.org/actualites-du-velo/actions-cycloyennes
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