Canal de l'Oise à la Sambre (Partie dans le département de L'Aisne entre Etreux et Vadencourt

Fermée à la navigation depuis quinze ans, la Sambre sort d’un long sommeil. L’occasion d’un petit voyage le long de ce cours d’eau qui a fait la richesse de tout un territoire. Première escale à Macquigny, dans l’Aisne, point de départ d’un chantier titanesque.

Il n’a pas l’air de saisir l’importance du moment. Battant pavillon britannique, ce plaisancier ne comprend pas vraiment pourquoi, à terre, tout le monde s’arrête sur son passage. Il leur adresse quand même quelques sourires et gestes de la main. En se disant sûrement qu’ils sont un peu bizarres ces gens du nord.

Nous sommes à Macquigny, petit village de l’Aisne, à quelques encablures de Saint-Quentin. Une bourgade de 300 âmes qui a la particularité de voir se croiser deux cours d’eau, l’Oise et le canal de la Sambre à l’Oise. Au bout d’un petit chemin, l’un et l’autre se chevauchent grâce à un pont-canal, permettant aux navires de rejoindre le val de Sambre en enjambant l’Oise.

Usés par le temps, ce pont-canal et celui du village voisin de Vadencourt ont été fermés à la navigation en 2006, pour des raisons de sécurité. Plongeant la Sambre, qui avait fait la richesse de tout un territoire, dans un long sommeil.

Plusieurs chantiers en un
Les années passent et à mesure que le sud du Nord s’habitue à ce nouveau paysage sans bateaux, les discussions s’enlisent. Entre l’État, Voies navigables de France (VNF), les Régions, Départements et différents élus du territoire, c’est la quadrature du cercle pour trouver un accord. De tables rondes en protocole, c’est souvent l’épineuse question financière qui coince. Car ce chantier-là n’est pas une mince affaire.

Outre la reconstruction complète des deux ponts-canaux, la réouverture à la navigation nécessite la rénovation de 25 écluses et le dragage du chenal pour assurer le passage des bateaux. Estimé initialement à 8 M €, le budget sera finalement multiplié par trois. Auquel s’ajoute le coût d’exploitation pour les 20 ans à venir.

En toute discrétion
Engagés fin 2019, les travaux ont bien entendu souffert de la crise sanitaire. Mais cette fois, c’est la bonne. Depuis le 1er juillet, les péniches voguent à nouveau le long de la Sambre. Une réouverture tant attendue qui s’est pourtant faite en toute discrétion. Rien qu’un bateau, battant pavillon britannique, et quelques badauds, qui se trouvaient au bon endroit, au bon moment. « C’est la première fois qu’un bateau passe ici depuis 15 ans », s’émeut un agent de VNF.

Nous sommes à Macquigny, petit village de l’Aisne, à quelques encablures de Saint-Quentin, et ici commence notre voyage pour assister au réveil de la Sambre.

«Faire de la Sambre une destination touristique à part entière»
Bientôt dix ans qu’ils maintiennent le cap de la réouverture, contre vents et marées. Quand beaucoup s’étaient résignés à ne plus voir voguer de bateaux le long de la Sambre, eux bataillaient. Étaient de chaque réunion, de chaque table ronde, pour rappeler à l’État ce besoin de tout un territoire.

Fondée en 2012, l’association Réussir notre Sambre n’avait qu’un objectif en tête : la réouverture à la navigation. « Chaque élu des communes mouillées s’exprimait de son côté, se souvient Patick Dumon, adjoint d’Étreux, dans l’Aisne, et président de l’association depuis quatre ans. On nous a alors demandé de nous unir, pour parler d’une même voix. »

La ville d’Hautmont est alors à la barre. Plus particulièrement son premier adjoint de l’époque, Daniel Devins, qui croit dur comme fer à la nécessité de cette réouverture. Le projet de port à sec qu’il porte depuis quelques années déjà étant intimement lié à cette perspective.

Au fil des ans, l’association à pris de l’épaisseur et a réussi à fédérer autour de la Sambre. En réunissant les communes et communautés de communes concernées dans une même direction.

Force motrice, aussi nécessaire que discrète, Réussir notre Sambre a été l’un des artisans majeurs de cette réouverture. Et maintenant ? « L’association va survivre, assure Patrick Dumon. Nous avons encore un tas de choses à faire, en collaboration notamment avec les offices de tourisme. » L’objectif désormais est de faire parler de la Sambre, d’attirer à elle les plaisanciers de France et d’Europe. « Il y a un gros potentiel en Belgique et aux Pays-Bas. Nous voulons faire de la Sambre une destination touristique à part entière.